L’intrapreneuriat : Un levier stratégique pour fidéliser la génération Z

L’intrapreneuriat, qui permet aux collaborateurs d’agir comme des entrepreneurs au sein de leur entreprise en développant des projets innovants, s’affirme comme une réponse aux attentes de la Génération Z (née entre 1997 et 2012). Cette génération, en quête de sens, d’autonomie et d’impact, représente un défi pour les entreprises cherchant à attirer et retenir ces talents. En Auvergne-Rhône-Alpes, des initiatives intrapreneuriales portées par des acteurs majeurs comme Michelin, Groupama Rhône-Alpes Auvergne ou encore bioMérieux illustrent comment cette pratique peut transformer les organisations tout en répondant aux aspirations de la Gen Z. Cet article explore les opportunités, les défis et les clés de succès de l’intrapreneuriat, en s’appuyant sur des exemples concrets régionaux.

Qu’est-ce que l’intrapreneuriat et pourquoi intéresse-t-il la Gen Z ?

L’intrapreneuriat désigne une démarche où les employés, soutenus par les ressources et le cadre de leur entreprise, initient des projets novateurs avec une liberté entrepreneuriale. Contrairement à l’entrepreneuriat classique, il ne nécessite pas de créer une structure ex nihilo, offrant ainsi un espace d’expérimentation sécurisé. Pour la Gen Z, cette approche est particulièrement séduisante : elle valorise l’autonomie, favorise le développement de compétences et permet de contribuer à des projets alignés sur leurs valeurs, notamment sociales et environnementales.

Une étude co-réalisée par makesense et l’Institut de l’Intrapreneuriat révèle que 50 % des projets intrapreneuriaux portent sur des initiatives à impact, un critère clé pour cette génération. De plus, 70 % des intrapreneurs interrogés citent un sentiment de progression personnelle comme bénéfice principal, suivi par l’apprentissage (60 %) et l’élargissement de leur réseau (50 %). Ces éléments répondent directement aux attentes de la Gen Z, qui cherche à s’épanouir tout en ayant un rôle actif dans la transformation de son environnement professionnel.

Opportunités et challenge pour la Gen Z

Opportunités : un terrain d’épanouissement

L’intrapreneuriat offre à la Gen Z un cadre pour apprendre, innover et laisser une marque tangible. En Auvergne-Rhône-Alpes, des entreprises montrent la voie :

– Michelin (Clermont-Ferrand) : Le Michelin Innovation Lab (MIL), lancé en 2014, accompagne des centaines de collaborateurs dans des projets hors du secteur traditionnel du pneu, visant 30 % d’activités non-pneumatiques d’ici 2030. Cette diversification, souvent axée sur la mobilité durable, attire une génération sensible aux enjeux écologiques.
– BioMérieux (Lyon) : Avec le programme InVENTURE (2020), les collaborateurs développent des solutions comme BioVintage, une plateforme de revente d’instruments d’occasion. Ce projet, qui prolonge la durée de vie des équipements, allie innovation et responsabilité environnementale.

Enjeux : Équilibre et reconnaissance

Malgré son potentiel, l’intrapreneuriat présente des obstacles. Plus de 60 % des intrapreneurs signalent une surcharge de travail, un frein pour une génération attachée à l’équilibre vie pro-vie perso. Par ailleurs, si 73 % ressentent une reconnaissance de leur manager, seuls 31 % perçoivent un soutien des RH, un décalage qui peut démotiver les jeunes talents.

Exemples de dispositifs en Auvergne-Rhône-Alpes

La région Auvergne-Rhône-Alpes regorge d’initiatives intrapreneuriales qui illustrent comment fidéliser la Gen Z :

– Michelin : Le MIL offre aux employés une chance de devenir entrepreneurs internes, renforçant leur sentiment d’appartenance et leur développement professionnel.
– Groupama Rhône-Alpes Auvergne (Lyon) : Son laboratoire d’innovation interne a donné naissance à FREDO, un service de vélos en partage devenu une start-up indépendante. Ce projet, à impact local et sociétal, montre aux jeunes talents qu’ils peuvent transformer leur entreprise de l’intérieur.
– Hospices Civils de Lyon (HCL) : Le programme “Intrapreneurs” (2023) forme des collaborateurs hospitaliers à développer des innovations comme l’IA en endoscopie. Récompensé en 2024 par la Fédération Hospitalière de France, il prouve que l’intrapreneuriat peut prospérer dans le secteur public.

Clés de succès pour les entreprises

Pour faire de l’intrapreneuriat un levier de fidélisation, les entreprises peuvent s’inspirer des meilleures pratiques régionales :

1. Engagement de la direction : Chez BioMérieux, le Comité de Direction sponsorise directement InVENTURE, sélectionnant et finançant les projets.

2. Ressources dédiées : Le programme de SNCF au 574 Lyon (2019) offrait six mois d’accompagnement avec bootcamps et mentors, permettant aux intrapreneurs de concrétiser leurs idées sans sacrifier leur équilibre.
3. Reconnaissance concrète : Le Groupe SEB, via son SEBLab, valorise les initiatives via des trophées internes, renforçant la motivation des collaborateurs.

Conclusion :

L’intrapreneuriat est une stratégie pour aligner les ambitions des entreprises avec celles de la Gen Z. En Auvergne-Rhône-Alpes, des acteurs comme Michelin, Groupama ou les HCL démontrent qu’en offrant autonomie, ressources et reconnaissance, les organisations peuvent non seulement innover, mais aussi fidéliser une génération prête à redéfinir le travail.

Dans un marché compétitif, celles qui relèveront ce challenge pourront gagner la loyauté des talents de demain.